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Madame le Ministre de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille ;

Monsieur le Représentant du Président du Haut Conseil des Collectivités Territoriales ;

Monsieur représentant du Ministre d’Etat, Ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement ;

Monsieur le Président de l’association des municipalités du Mali.

Mesdames et Messieurs,

Au dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat en 2022, la population totale du Mali est estimée à 22 millions 395 mille 489 habitants.

La population des moins de 18 ans qui sont les enfants, est estimée à 12 millions 582 mille 951 habitants, soit 56% de la population totale contre 9 millions 812 mille 538 habitants des personnes âgées de plus de 18 ans.

Veuillez comprendre que : « 1 malien sur 2 est un enfant ».

Si tel est le cas, nous constatons que les parts du budget national allouées au secteur de la protection de l’enfant restent faibles.

Pour l’illustrer :

  • O,14% du budget national de 2021 était destiné aux services de la protection des enfants ;
  • En 2022, 0,15% a été octroyé ;
  • En 2023, les services de la protection des enfants ont reçu du budget national 0,20% (source : DNPEF).

En dépit de ces chiffres des trois (3) dernières années, tous les enfants n’ont pas accès aux services sociaux de base tels que :

  • L’éducation ;
  • La santé ;
  • L’alimentation saine ;
  • Et les loisirs.

Bien que des avancées significatives ont été réalisées dans les secteurs sociaux de base par les efforts de l’Etat et de ses partenaires que nous ne devons pas oublier telles que :

  • La réalisation des infrastructures d’éducation, de santé et d’accès à l’eau potable dans certaines localités ;
  • La ratification de plusieurs conventions internationales sur les droits de l’enfant et l’adoption des textes de loi en faveur de la protection des enfants ;
  • La diminution du taux des mariages d’enfants grâce au maintien des filles à l’école ;
  • La réduction des grèves des enseignants pendant l’année scolaire à travers la signature d’un pacte social ;
  • La bonne organisation des examens scolaires au cours des dernières années.

Certes l’Etat malien accorde une grande priorité budgétaire à l’éducation et à la santé avec près du tiers de son budget accordé à l’éducation contre le quart dans la CEDEAO (source : Etude sur le financement de l’enseignement supérieur au Mali, mars 2019).

Mais, tous les enfants ne jouissent pas du droit à l’éducation, à l’avenir, ces enfants seront des adultes qui ne sauront ni lire, ni écrire. Ils seront des citoyens et citoyennes analphabètes.

Tous les enfants ne bénéficient pas des services de santé pour plusieurs raisons telle que l’inadéquation des plateaux techniques des centres de santé dans plusieurs localités par rapport aux besoins des enfants.

Encore en 2024 beaucoup d’enfants particulièrement les filles n’ont pas accès à l’eau potable et à une alimentation saine, par conséquent ces filles et ces garçons sont exposés à toutes sortes de maladie.

L’augmentation du taux de déclaration des enfants à la naissance (9,1% de 0 – 05 ans non déclarés) ;

A cela s’ajoutent des enfants victimes d’insécurité et des effets du changement climatique avec un nombre élevé des filles.

Beaucoup sont séparés de leur famille pour diverses raisons qui peuvent être les conditions de précarités économiques, l’inconscience de certains adultes et surtout l’insécurité. Que dire des femmes allaitantes et filles mères allaitantes qui sont incarcérés avec leur bébés. Que dire des enfants ayant subi des coups et blessures graves suite à la violation de leurs droits dont les services ne parviennent pas à prendre en charge ; sans oublier les enfants en situation de handicap et les enfants en situation de rue.

Les filles forment la population la plus vulnérable face à la situation sécuritaire précaire du pays. Les filles de 3-17 ans sont davantage exposées aux risques de VBG, y compris les mariages forcés, ainsi que les abus et exploitations sexuels. Les garçons, eux, sont plus touchés que les filles par les six violations graves dont les enfants en situation de conflit armé sont victimes établies par le Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Compte tenu de ces constats négatifs, nous déduisons que la planification sensible au genre en lien avec les droits de l’enfant n’est pas prise en compte car peu de moyens sont donnés au secteur de la protection des enfants. Ainsi, les droits de l’enfant ne sont pas convenablement respectés, et si tel reste le cas, c’est l’avenir de la nation qui nous fait peur.

L’une des principales contraintes au niveau des cadres de budgétisation tient à la faible lisibilité des lignes budgétaires relatives aux enfants.

Au niveau décentralisé, on a constaté que la planification et la budgétisation locales qui se matérialisent par les Plans de Développement Social, Économique et Culturel (PDSEC) intègrent faiblement les besoins et intérêts spécifiques des enfants. Encore, c’est le futur des collectivités qui en souffrira.

Avec un taux de seulement 8,2 % de femmes conseillères municipales, celles-ci arrivent difficilement à intégrer les questions de genre dans l’agenda communal et dans le processus de planification et de budgétisation du développement local. Au niveau des collectivités territoriales, rares sont également les financements destinés aux investissements visant à redresser les inégalités entre les sexes inscrits dans le cadre de l’ANICT.

La COMADE apprécie à sa juste valeur la relecture des textes du Centre de formation Aoua KEITA qui va significativement contribuer la formation des filles déscolarisées et non scolarisées et la formation continue et diplômante de la gent féminine au Mali.

Cependant nous demandons aux autorités gouvernementales et aux autorités des collectivités d’accorder et de diriger désormais vers les enfants davantage d’actions planifiées avec conséquemment de budget pour assurer un lendemain meilleur qu’aujourd’hui à notre Maliba.